
Le 园
Le processus de découverte et d’observation des œuvres créé une connexion momentanée entre les visiteurs. Dans une perspective plus large, c’est une métaphore pour le grand village globalisé dans lequel nous vivons. Nous partageons, à l’échelle mondiale, un espace géographique, de l’information, des biens de consommation. L’artiste reste sceptique au sujet du future et de notre destin commun.Le 园” est un homonyme de “乐园“, qui signifie « pays des merveilles » en chinois. “Le” peut aussi être entendu comme article défini masculin singulier en français, ôtant alors au titre son caractère fantastique.
Sous l’une de ses formes, le travail de Jan recèle une touche d’innocence qui laisse transparaître une nostalgie sous-jacente. D’un autre côté, l’artiste est bien conscient des limites de ce jeu auquel il nous invite à prendre part. Selon ses propres mots “rien ne peut échapper à la possibilité du rire et rien n’est à banaliser”. Cette contradiction délicate fait écho à la question philosophique que pose Milan Kundera dans son ouvrage au titre évocateur, l’Insoutenable légèreté de l’être.
Dans ce pays des merveilles, si nous sommes de simples passants, alors il n’y a pas de réelles conséquences. Ainsi, la légèreté existe par notre impuissance face à la fatalité, mais aussi dans le nihilisme de l’existence-même.
Mais la volonté individuelle induit un renoncement à un pouvoir supérieur, un “dieu”. « Le 园 » inventé par l’artiste est peut-être ce Jardin d’Éden à la merci de ce dieu. Ou bien encore, serait-ce le désir de progrès ? Si la poursuite d’une utopie symbolise en soi nos espoirs et nos rêves, les moments de transitions ne sauraient être pris trop au sérieux. Le travail de Jan comprend ce paradoxe. Ces moments sont un interlude en rupture avec la médiocrité du quotidien en même temps qu’une rémanence de notre regard d’enfant et une image possible d’un futur commun.